Etape 10 - Autour du lac Titicaca - Les îles Uros
Vendredi 6 mai. Ce matin, départ pour le port de Puno d'où partent tous les bateaux navigant sur le lac Titicaca. Lac Titicaca***. Un nom mythique qui résonne comme autant d'histoires et de légendes incas. Et pour cause, c'est ici que la mythologie inca situe l'origine de la civilisation. Viracocha, le dieu créateur, y fit émerger la lune, le soleil et les étoiles. C'est encore ici que Manco Capac, descendant du dieu Soleil, sortit des eaux du lac avec sa soeur Mama Oello pour diriger sa tribu et fonder Cuzco, la future capitale de l'empire.
Situé à 3.810 m d'altitude, le lac Titicaca est le plus haut lac navigable du monde. Ses eaux au bleu profond ressemble à celui des fjords écossais. On s'y baignerait presque si ses eaux n'avoisinaient pas les 8 ou 9°C...

Avec 200 km de long pour 8.400 km2, il faut au moins une journée pour traverser le lac en bateau. Les montagnes, si proches et si loins à la fois, sont à au moins 20 ou 30 km du rivage. C'est dire si l'air est pur au-dessus des eaux du lac. Les profondeurs alternent le très bas et le moins bas, 275 m de profondeur vers la isla Suasi pour seulement 15 ou 18 m vers les îles Uros.

C'est justement vers les îles Uros*** que nous nous dirigeons ce matin. On traverse d'abord une épaisse végétation faite de joncs et de roseaux. Puis soudain, des indiens nous font signe en agitant la main. Ce sont les indiens Uros. Ils sont aujourd'hui un peu plus de 2.000 à vivre ici sur ces îles flotantes, abritées sous leurs huttes de roseaux aux toits pointus. A l'origine, les îles Uros se trouvaient côté bolivien, près du site de Tiwanaku, mais la baisse du niveau du lac, suite à plusieurs périodes de sécheresses a entraîné un déplacement des bancs de poissons dont les Uros se nourrissent, les obligeant à migrer vers l'ouest et de meilleures zones de pêche. Leur amarrage à 5 km de Puno est très récent : c'est l'ancien président Fujimori qui les a incités à faire ce rapprochement afin de profiter de la manne touristique.

En s'approchant de plus près des îles, on commence à distinguer de drôles d'embarcations jaunes à tête de dragons. Ce sont les bateaux traditionnels des indiens, faits de roseaux et de joncs. Etonnants.

Enfin, nous débarquons sur l'île. Pas la peine de s'entortiller le cerveau pour savoir quelle île nous reçoit aujourd'hui. Ce n'est jamais la même. Un chant traditionnel entonné par les indiennes Uros nous accueille. Magnifique et très émouvant.

Cette bienvenue chantée par les habitantes de l'île restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Aujourd'hui, les îles Uros sont au nombre de 80. Toutes sont constituées d'une couche compacte de roseaux de 3 mètres d'épaisseur. La sensation de marcher sur des matelas à eau est impressionnante. Mais pas de soucis, nous sommes bien au sec. La structure repose sur des poteaux d'eucalyptus ancrés au fond du lac pour éviter que les îles ne dérivent avec le vent. Marcher sur ces radeaux spongieux fait une drôle de sensation. La marche se fait plus lente, presque maladroite. Une île flottante a une durée de vie de 50 à 60 ans.
Après cette première découverte de la communauté Uros, des îles de roseaux et de leurs sols spongieux, des huttes tressées et des miradors, les femmes entonnent déjà le chant des adieux. Toujours aussi émouvant.

Clou de cette matinée, la navigation sur les bateaux à tête de dragon. Bon, quelques chose me dit que ce n'est pas vraiment une embarcation traditionnelle, mais naviguer ainsi dans le détroit qui sépare les différentes îles des Uros est plutôt sympathique.


Après une bonne petite demi-heure passée sur les eaux du lac Titicaca, nous voici de retour sur la terre ferme... ou plutôt sur le sol spongieux des îles flottantes. Rassemblement sur la place principale. Le chef de la tribu nous explique la vie de ces indiens qui parlent désormais la langue aymara. C'est maintenant que l'on comprend l'importance des roseaux pour les indiens Uros. Il sert aussi à fabriquer les maisonnettes, les miradors, les meubles et les barques. Il protège aussi les îles des vagues des tempêtes. La partie blanche à l'extrémité des roseaux est comestible... Pas vraiment le goût d'en manger, mais je me régale des explications du chef.

Après ces quelques explications, difficile de résister aux offres du marché artisanal, autant pour ces magnifiques tapis et vêtements en alpaga que pour aider les indiens Uros dans leur quête d'indépendance. Les petits aident leurs mamas dans leurs tâches. Touchant. Quant au chef, il me convie dans sa hutte et me fait partager son quotidien. Depuis que des panneaux solaires ont été installés sur les îles, la fée électricité a toutefois largement amélioré les conditions de vie...
Dernière étape de notre rencontre avec les indiens Uros, la petite pause café et maté offerte sur une île voisine. Un moment de répit et l'occasion de profiter à plein de ce moment de grâce. Sur le lac, c'est déjà le temps des adieux... Les femmes Uros remontent à bord des embarcations et nous font leurs adieux.



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